Le tourisme de santé est en pleine croissance. Il constitue désormais un marché à part entière. Pas loin de 3 millions de touristes, issus principalement de pays riches,se rendent chaque année à l'étranger pour des actes médicaux ; près de 20 millions de touristes médicaux pourraient franchir les frontières d'ici à 2015. Les recettes mondiales de ce secteur sont évaluées à 60 milliards de dollars.
De l'époque de l'école de Kairouan, aux IX e et X e siècles, à nos jours, la Tunisie a su développer son savoir-faire médical et acquérir une certaine notoriété à l'étranger.Dotée d'équipements sanitaires compétitifs dans lesquels évolue un staff médical formé sur place mais également en Europe et aux États-Unis, la Tunisie bénéficie d'une bonne "image médicale" rassurante pour la clientèle étrangère. Elle se positionne aujourd'hui comme une destination phare du tourisme médical.
Pourquoi se faire soigner en Tunisie ? Les raisons liées au tourisme ne viennent qu'en toile de fond. Les motivations du tourisme médical sont d'abord des raisons liées à la santé:
Ceux proposés en Tunisie sont sans commune mesure avec ceux pratiqués en Europe et sont l'un des avantages compétitifs de la destination. En Tunisie et pour le même résultat, une intervention à cour ouvert coûte, voyage inclus et tous frais compris, 4 000 euros, la pose de prothèses mammaires, 2600 euros, et une cure complète de radiothérapie, 6000 euros. En France, ces interventions coûtent respectivement 5 000 euros, 6 000euros et 10 000 euros.
Ces insuffisances, ainsi que le durcissement des règles d'entrée et de séjour des étrangers en France (qui a entraîné le tarissement des évacuations sanitaires), sont la cause de l'accroissement du flux de malades africains venant se faire soigner en Tunisie.
L'association Operations Abroad, basée à Manchester, a inscrit la Tunisie en 2003 parmi les destinations de santé conseillées aux Britanniques. L'objectif : désengorger les hôpitaux publics du Royaume-Uni, où les délais d'attente peuvent dépasser une année. La voie aux soins délocalisés vers la Tunisie a été ouverte. Il ne restait plus qu'à communiquer et à organiser des opérations de marketing.
Ce programme a servi de promotion à la chirur gie esthétique en Tunisie. Sur la toile, les sites médicaux sont nombreux. Par ailleurs, la transmission rapide d'informations et de données photographiques par internet a multiplié les consultations à distance, ce qui a permis de mieux préparer les actes médicaux et de rassurer les patients.
La presse internationale couvre régulièrement ce type de tourisme. Le guide Tunisie Thalasso est un voyage au cour du tourisme du bien-être. Paru en langues française et allemande, il est diffusé lors des principaux salons spécialisés du tourisme à l'étranger.
Les malades, de plus en plus informés, se mettent à comparer les offres de soins et à exprimer leurs exigences quant au choix du pays où ils désirent se faire soigner.
Du fait de ses prix compétitifs et de son infrastructure sanitaire, la Tunisie occupe actuellement le deuxième rang sur le continent africain dans le domaine du tourisme de santé, après l'Afrique du Sud.
En Tunisie, la suppression en 1988 du régime du plein-temps aménagé, qui autorisait les médecins du secteur public à réaliser des consultations privées dans les hôpitaux publics, a entraîné la multiplication des cliniques privées. En 1987, la Tunisie comptait 28 cliniques privées, en 1992, 43 et aujourd'hui 118. Les soins administrés aux 100 000 patients étrangers leur ont rapporté 77 millions de dinars (environ 37 millions d'euros).
La clientèle étrangère contribue pour 24 % au chiffre d'affaires des établissements privés, qui s'est élevé à 320 millions de dinars (178 millions d'euros) en 2008. La part du médical dans les exportations tunisiennes de services est estimée à environ 4 % par l'Agence française de développement .
Les prestations proposées en Tunisie vont de l'implantologie dentaire à la chirurgie thoracique et cardiovasculaire, en passant par la chirurgie urologique et ophtalmologie, la colioscopie, la carcinologie et la chirurgie neurologique. Ce type de tourisme s'est pendant longtemps adressé à la clientèle du Maghreb. Il a ensuite touché celle de l'Afrique subsaharienne avant de s'ouvrir progressivement à la clientèle européenne.
A partir de 1989, l'embargo onusien imposé à la Libye a été le déclencheur du tourisme de santé en Tunisie. Il est la motivation première des touristes libyens se rendant en Tunisie. Le flux de malades libyens, mais également algériens, a été spontané et reste peu encadré.
Compte tenu de l'appartenance à une même aire culturelle, linguistique et religieuse, et de la proximité géographique, le tourisme en provenance du Maghreb est un tourisme individuel. Les déplacements, sauf cas particulier, se font en voiture. Les malades sont accompagnés de leurs proches, qui logent dans des résidences ou dans des hôtels à proximité des cliniques, en milieu urbain.
Par rapport à la clientèle originaire des pays du Maghreb, la clientèle d'Afrique subsaharienne dispose de moins de relais en Tunisie. Elle a donc besoin d'être encadrée, rassurée, et veut traiter avec des intermédiaires du milieu médical qui leur garantissent une prise en charge optimale, les meilleurs choix médicaux et les déchargent des contingences logistiques.
Des sociétés basées en Tunisie orientent les malades vers les meilleurs praticiens et vers les établissements les plus adaptés à leurs pathologies. Elles se chargent, en outre, de la coordination médicale et de supervision pendant toute la durée de l'hospitalisation et du séjour en Tunisie.
C'est une clientèle francophone, provenant du Bénin, Cameroun, Côte d'Ivoire, Sénégal, Mali et Tchad. Elle est, le plus souvent, prise en charge par des organismes de prévoyance de leur pays ou par les mutuelles de très grandes entreprises. Des conventions avec des caisses d'assurance maladie et des mutuelles ont été conclues et des filières officielles prennent en charge des patients transférés par les équipes médicales tchadiennes ou camerounaises vers les structures médicales tunisiennes.
Les prestations de chirurgie esthétique proposées en Tunisie comprennent la liposuccion, les implants mammaires, les liftings ainsi que les greffes de cheveux. Ce type de produit gagne en considération et constitue désormais une des composantes importantes de l'offre touristique en Tunisie.
Ce créneau séduit principalement le marché européen. En 2008, près de 5 000 clients ont subi des interventions relevant du domaine de la chirurgie esthétique.
Ce chiffre, en augmentation de 20 % par rapport à 2007, traduit la bonne réputation que se sont forgée les médecins tunisiens dans ce domaine, mais également la bonne organisation de ce créneau, qui fonctionne selon le système "tout compris", composé de la prise en charge de l'acte médical avec l'assistance qui lui est inhérente, de l'hébergement, des transferts aéroport hôtel-clinique et des loisirs. L'acte médical est la motivation première du patient.
Les clients sont pris en charge dès leur arrivée par des professionnels travaillant pour des agences de voyages spécialisées. Les tarifs, de 30 % à 50 % moins cher qu'en Europe, ne sont donc plus le seul atout de la destination Tunisie.
Le tourisme de bien-être a pour objectif de faire en sorte que le touriste se sente beaucoup mieux au départ qu'à l'arrivée. Le mélange de plaisir, d'exercice physique, de régime alimentaire, de relaxation et d'éducation sur la gestion du stress vise au ressourcement ou à la re-création. La thalassothérapie, médecine douce, permet ainsi aux curistes d'oublier fatigue, stress, bruit et pollution du quotidien.
La Tunisie est la deuxième destination de thalassothérapie après la France. Le développement de la thalassothérapie y est récent ; le premier centre est entré en exploitation en 1993. L'âge moyen des centres est de six ans. Dans la stratégie du tourisme tunisien, les objectifs du développement de la thalassothérapie se rapportent à une meilleure saisonnalité, à un appel à une clientèle haut de gamme, à une valorisation de l'image de la destination et à une amélioration de la rentabilité des établissements hôteliers.
Le ministère de la Santé publique veille à la qualité de l'activité et à sa conformité aux standards internationaux. La présence d'un médecin est obligatoire dans tous les centres. Actuellement, 37 centres sont en exploitation. En termes de capacité exprimée en curistes, l'analyse de l'offre par région indique une forte concentration dans les zones touristiques de Djerba-Zarzis (15 centres et 2 030 curistes/jour, 41 % de l'offre tunisienne de thalassothérapie) et de Nabeul-Hammamet (11 centres et 1 539 curistes/jour, 31 % de l'offre).
Les autres régions arrivent loin derrière : Sousse-Monastir (4 centres et 570 curistes/jour, 12% de l'offre nationale) ; Mahdia (3 centres et 390 curistes/jour ; 8 % de l'offre) ; les Côtes de Carthage (3 centres et 280 curistes/jour, 6 % de l'offre) ; Tabarka (1 centre et 100 curistes/jour; 2 % de l'offre). À de rares exception près, les centres de thalassothérapie sont intégrés dans des hôtels 4 étoiles et 5 étoiles.
Les curistes sont à très forte majorité européens, à 94 %. L'analyse du nombre de curistes par nationalité montre que le marché français occupe la première place, avec une part qui a évolué de 37 % en 2000 à 47 % en 2007. Par contre, le marché suisse, qui représentait 28 % des curistes en 2000 et 33,5 % en 2001, a chuté au fil des ans, passant de 10,5 % en 2005 à 5 % en 2007. Il a été remplacé par le marché russe, aujourd'hui en deuxième position après le marché français, et qui représente 13,5 % des curistes en 2007 alors qu'il ne représentait que 8 % en 2004.
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